Publié le 4 novembre 2025

La construction en bois au Québec et au Canada: grande hauteur, faible empreinte

La construction en bois revient au premier plan au Québec et au Canada. Ce n’est ni une mode passagère ni un clin d’œil au passé, mais une réponse concrète à des enjeux bien actuels: décarbonation, vitesse de construction et qualité de vie. Les nouvelles règles ouvrent la porte à des immeubles en bois de grande hauteur, l’offre industrielle se renforce et les villes cherchent des solutions propres et rapides. Résultat, l’immeuble en bois n’est plus l’exception. Il s’installe dans le paysage, du mid-rise aux bâtiments qui montent très haut.

Un cadre réglementaire qui a changé la donne

Le tournant s’est joué avec le Code national du bâtiment 2020. Il a intégré la construction en bois d’œuvre massif encapsulé, souvent appelée mass timber, et permis des bâtiments en bois jusqu’à douze étages selon l’usage et des exigences précises de sécurité incendie et d’encapsulation. Cette reconnaissance nationale a légitimé le matériau au-delà de la maison individuelle, notamment pour l’habitation multilogements et certains équipements publics.

En Colombie Britannique, une mise à jour du code annoncée au printemps 2024 a élargi l’usage du mass timber et autorisé des bâtiments jusqu’à dix huit étages, avec un éventail plus large de fonctions comme le logement, les écoles et certains commerces. Ce geste réglementaire a déclenché une montée en compétence rapide dans la filière locale, des architectes aux entrepreneurs.

Au Québec, la Régie du bâtiment a d’abord accompagné l’implantation du bois massif encapsulé à douze étages avec des guides et des exigences détaillées. Puis, en 2025, elle a entériné la possibilité d’aller jusqu’à dix huit étages selon l’usage, en précisant les protections et performances requises. Le message est clair: le cadre n’est plus un frein, il est une voie balisée et auditable pour concevoir et construire en bois.

Une personne construit une maison en bois.

Popularité: climat, délais, capacités

Si l’intérêt grimpe, ce n’est pas uniquement parce que la loi l’autorise. Le bois répond à trois moteurs puissants.

  • Climat: Le bois stocke du carbone et permet de réduire l’empreinte dite intrinsèque, celle liée aux matériaux et au chantier. À mesure que l’exploitation des bâtiments devient plus efficiente, cette part pèse davantage dans le bilan total. Les publications canadiennes sur l’empreinte carbone des matériaux soulignent ce levier dans une trajectoire crédible vers 2030 et 2050.
  • Délais: Le bois d’œuvre massif encapsulé ou mass timber repose sur une préfabrication précise. Les éléments arrivent prêts à poser, les niveaux se montent vite, les chantiers sont plus calmes et mieux contrôlés. En ville, quelques semaines gagnées changent la donne sur les coûts financiers, les nuisances et la mise en marché. Des programmes fédéraux, comme GCWood, accélèrent le partage de retours d’expérience et d’outils.
  • Capacités: Le Canada investit dans la filière: usines, ingénierie, formation. Avec l’appui des provinces et de programmes ciblés, l’offre se densifie, la qualité se standardise et les risques perçus diminuent. Cette dynamique industrielle consolide la disponibilité locale de produits et de compétences.

Avantages clés pour promoteurs et occupants

  • Durabilité: Par rapport à des matériaux très émissifs, le bois affiche un bilan carbone favorable, sous réserve de pratiques forestières durables et d’une analyse de cycle de vie rigoureuse. La séquestration en forêt et le stockage en œuvre se combinent pour soutenir des objectifs climatiques ambitieux.
  • Vitesse et précision: Le bois massif convient particulièrement aux immeubles d’habitation. La répétitivité des trames, les tolérances maîtrisées et l’anticipation des interfaces en maquette numérique sécurisent le planning et réduisent les aléas de chantier.
  • Confort et qualité spatiale: L’exposition contrôlée du bois à l’intérieur, lorsque le code le permet, crée des ambiances chaleureuses. Bien conçu, l’ouvrage offre de bonnes performances acoustiques et thermiques. Ces qualités deviennent un véritable argument pour attirer et fidéliser les occupants.

Écologie

Et la sécurité incendie

La question revient toujours. Comment un immeuble en bois peut-il monter à douze ou dix huit étages en toute sécurité? La réponse tient au principe d’encapsulation. Les éléments en bois massif sont dimensionnés pour conserver leur portance grâce à un charbonnage contrôlé, et ils sont protégés par des systèmes comme le gypse. Les codes exigent en plus détection, sprinklers, compartimentage et détails d’interface. On ne parle pas de charpente légère, mais d’un système complet dont la performance au feu est mesurée et vérifiée.

Exemple concret: Le Merlo à Salaberry de Valleyfield

À Salaberry-de-Valleyfield, le Merlo met le bois au cœur du projet. Les appartements sont pensés pour la vie de tous les jours et s’inscrivent dans un cadre verdoyant, tout près des services. Le chantier avance vite, comme l’a constaté ALYZÉ, signe d’une exécution maîtrisée et d’une mise en marché bien préparée. C’est exactement ce qu’on attend d’un projet en bois massif: une ambiance chaleureuse, un chantier rationalisé et une identité matérielle claire qui parle aux futurs locataires.

Ce type d’opération montre la cohérence entre le matériau et l’expérience promise. Structure rationnelle, volumes lisibles, enveloppe performante, identité chaleureuse: le bois devient un fil conducteur du récit marketing autant qu’un levier de performance technique.

Où va le marché

La trajectoire s’affirme. À court terme, on verra surtout des projets de six à douze étages en bois massif dans les centres urbains. Peu à peu, des réalisations plus ambitieuses prendront le relais pour grimper, là où les règles le permettent, jusqu’à dix huit étages. Avec l’augmentation des volumes, les coûts vont se stabiliser et la chaîne d’approvisionnement gagnera en fluidité. Les enseignements tirés en Colombie Britannique inspireront les autres provinces. Au Québec, l’ouverture au dix huit étages et la solidité de la filière forestière et industrielle offrent un réel avantage.

Conclusion. La construction en bois est aujourd’hui une option crédible pour bâtir plus vite, avec une empreinte carbone réduite et une qualité d’usage élevée. Les règles ont franchi les étapes clés, l’industrie a pris le virage et les exemples concrets se multiplient. Le sujet n’est plus de savoir si l’on peut construire en bois, mais comment le faire intelligemment, projet par projet, en tirant parti du cadre réglementaire et des meilleures pratiques.



À propos de l'auteur

Yannick

Cloutier

Yannick cumule plus de 20 ans d’expérience dans le développement, la gestion et la vente immobilière. Passionné par l’immobilier, il aime partager ses connaissances et trouver des solutions innovantes pour répondre aux besoins d’un marché en constante évolution. En tant que propriétaire de plusieurs entreprises dans le secteur, il comprend les défis et les opportunités liés à la gestion locative et à la mise en valeur des propriétés.